Gianluca Sorrentino, référent de la Direction pour la section féminine, est revenu sur les profonds changements opérés cet été et le début de saison convaincant des trois équipes qui constituent la section.
Quelles sont les impressions à un peu plus d’un mois de la reprise du championnat de 1e Ligue ?
Elles sont excellentes. Le moins que l’on puisse dire est que l’on ne s’est pas ennuyés ces derniers mois. À voir la manière dont les choses se mettent en place et la direction prise, nous pouvons assurément tirer de premières impressions encourageantes. Nous savons également que nous ne sommes qu’au début du chemin. Si nous voulons atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés, nous allons encore devoir travailler avec le sérieux et l’exigence de ces derniers mois.
Vous pouvez vous expliquer?
Je pense que de l’extérieur, on peine à se rendre compte des changements importants qui ont marqué notre section féminine. Au final, si l’on s’arrête à la consultation des classements, il apparaît que l’équipe évoluait en 1e ligue la saison dernière, et c’est toujours là où nous sommes aujourd’hui, et que deux équipes de juniores jouent sous les couleurs du LS.
Sauf que …
Sauf que, même si rien n’a changé, et bien tout a changé. Pour la section féminine, la fin de saison 2023/2024 a correspondu à la fin d’un cycle. Cela a coïncidé avec la volonté du LS de se positionner à terme comme un acteur important du football féminin au niveau régional. Nous avons donc mis la main à la pâte pour créer ces nouvelles conditions-cadres et parvenir à créer une structure cohérente entre les objectifs et les moyens à disposition. Aujourd’hui, notre 1ère Equipe féminine est en place et nous avons deux équipes en catégorie élite M15 et M16.
Et dans les faits? Qu’est-ce que cela signifie concrètement?
Derrière ces changements se cache une partie administrative non-négligeable qui a consisté à intégrer la section féminine dans la Société Anonyme de manière à la rapprocher aussi bien techniquement que symboliquement des autres entités sportives que sont la 1ère Equipe masculine et l’Académie. Nous avons identifié cet aspect – qui au premier abord pouvait paraître comme secondaire – comme l’une de nos priorités. Après avoir présenté le projet à la Direction du club, nous avons été accueillis avec une bienveillance et une curiosité qui nous ont confortés dans nos choix. Aujourd’hui, c’est une vraie chance et ce sont des opportunités de progression importantes pour l’ensemble de notre staff technique, que de pouvoir compter sur des synergies avec l’académie et la première équipe.
Du point de vue du travail au quotidien, nous nous sommes entourés de nouvelles personnes, aux profils et aux parcours très différents mais chacun avec des forces et des compétences qui nous permettront de progresser et d’asseoir notre position. Nous les avons accueillis dans la famille du LS et nous apprenons à faire groupe ensemble et en même temps, intégrer cette nouvelle entité avec ses dynamiques dans le chaudron de la SA, qui vit déjà avec son rythme effréné et le corollaire propre au sport professionnel et d’élite.
Et les résultats sur le terrain semblent encourageants.
Oui, au niveau comptable, il y a de quoi être satisfaits (la 1ère Equipe et les FF16 pointent en tête de leurs classements respectifs, les M15 occupent la 4e place) mais l’essentiel est ailleurs. Nous y voyons surtout la qualité et l’assiduité du travail effectué depuis la reprise avec un message clair: défendre les couleurs du LS est un privilège. Cette nouvelle section porte un projet plus large, tout reste à faire, et le seul moyen d’y parvenir c’est en travaillant, chacun dans son champ de compétences, en partageant la vision finale. Rien ni personne ne vient avant Le Club et l’intérêt commun. Nous savons d’avoir la chance de pouvoir travailler dans de bonnes conditions. Cela doit nous encourager à tirer le meilleur de chacun et chacune pour que nous puissions progresser ensemble. Et ce ne sont pas des mots de circonstance: quand je vous parlais des difficultés à faire groupe toutes et tous ensemble, d’un point de vue sportif et en se concentrant sur une projection à court-terme, cela constituait l’une de nos principales incertitudes: comment se seraient emboîtées les différentes composantes de cette nouvelle section dans la nouvelle structure, en sachant que les bases de l’édifice doivent être solides pour permettre de s’élever sereinement. Par exemple, comment le groupe de la 1ère Equipe aurait vécu une intégration importante de jeunes-filles en provenance de Lausanne-Nord alors que jusqu’à il y a quelques semaines seulement, les matches opposant nos deux équipes donnaient lieu à des confrontations à l’ambiance électrique, comme peuvent l’être les meilleurs derbies. Et le résultat au premier bilan est là. Comptablement, certes, mais de manière plus large au niveau de l’engagement de toutes et tous. De l’encadrement aux personnes en charges du matériel, les joueuses, les membres du staff et toutes les personnes qui gravitent autour de cette nouvelle section sont constamment à la recherche de solutions qui permettent de progresser et cela crée un environnement au cœur duquel il est vraiment agréable de travailler.
«Nous sommes conscients et confiants avec nos moyens. Nous avançons avec l’attention portée vers la meilleure manière de faire cohabiter objectifs et ressources. En résumé donc, la promotion est forcément un objectif, mais pas nécessairement tout de suite et pas à n’importe quel prix.»
Il était question d’objectifs plus haut, quels sont-ils pour cette nouvelle saison?
Là encore, il serait réducteur de se focaliser sur le volet sportif et un objectif à court terme. Nous travaillons en étant conscients d’être à une sorte de croisée des chemins: la section féminine a longtemps reposé sur les épaules de passionnés et passionnées (et je ne m’aventure pas à citer de noms par crainte d’en oublier) qui ont permis à des jeunes filles de pratiquer le football sous les couleurs du LS. Grace au travail de Lionel Sigg au cours de ces dernières années, les équipes du LS ont pu gravir les échelons pour se retrouver aujourd’hui en 1ère Ligue et offrir l’opportunité de jouer au football aux lausannoises. Il s’agit maintenant à terme de changer de dimension. Et cela aussi bien par conviction intime que vis-à-vis des institutions régionales ou nationales, avec lesquelles nous avons beaucoup échangé au cours des derniers mois. Celles-ci appellent de leurs vœux à la création d’une plateforme importante, à Lausanne, pour le football féminin. Et c’est la direction que nous prenons. Nous n’avons pas pour habitude d’annoncer d’objectifs de manière tonitruante. Nous préférons avancer, quitte à prendre date à intervalles réguliers pour faire le point sur l’avancement de notre travail. C’est sur cette base que s’est instaurée cette collaboration et c’est sur cette ligne que nous avançons:
Sur le plan sportif, en jouant sous les couleurs du LS, la promotion en LNB de la 1ère Equipe ne peut pas ne pas faire partie de l’objectif. Mais cela repose sur une approche réaliste, et doit s’inscrire dans une vision plus large. Le niveau de la 1ère Ligue est aujourd’hui relevé, avec des équipes qui visent la promotion depuis plusieurs saisons déjà. Leur trajectoire est différente de la notre, avec parfois des projets en phase plus avancée que le notre. Comme dit précédemment, nous sommes conscients et confiants avec nos moyens. Nous avançons avec l’attention portée vers la meilleure manière de faire cohabiter objectifs et ressources. En résumé donc, la promotion est forcément un objectif, mais pas nécessairement tout de suite et pas à n’importe quel prix. Plus largement d’ailleurs, notre ambition est de créer des conditions intéressantes pour les jeunes lausannoises de manière à leur permettre de pouvoir suivre une filière de football de qualité à Lausanne. Les réflexions sont en cours et ne peuvent être détachées de la relation avec la structure du football de base. Des discussions sont en cours depuis plusieurs mois et dans cette démarche, l’expérience et les compétences de Luca Scuderi nous sont absolument précieuses.
Et sur le chantier pour les mois qui viennent?
Un autre point important: la volonté d’apporter de la compétence au niveau de l’encadrement et nous espérons pouvoir accueillir rapidement des femmes dans notre équipe de direction, en renfort de Julia Cridel qui accompagne déjà Antonio Maregrande et Julien Marendaz dans l’encadrement de la 1ère Equipe. D’un point de vue personnel, j’ai dû me familiariser avec l’environnement du football féminin au cours de ces derniers mois et au-delà de l’impression très positive que j’en retiens, avec mon bagage de vingt années dans le football masculin, je reste convaincu que son développement passe par une compréhension des points de divergences entre les deux environnements: nous ne pourrons pas faire un projet de qualité pour le football féminin en essayant de reproduire à l’identique ce qui se fait dans le football masculin. Et cette conviction s’est renforcée justement au contact des personnes qui œuvrent pour le foot féminin depuis bien plus longtemps que moi, mais les échanges que j’ai pu avoir avec les dirigeantes, les entraîneurs et les joueuses apportent une sensibilité, une texture différente à tous ces échanges.