Juan Esnaider est arrivé cet été de Toledo, un club de troisième division espagnole. Fils d’un ancien attaquant professionnel, il évolue au même poste et espère lui aussi suivre une carrière prolifique.
Bonjour Juan, peux-tu te présenter en quelques mots pour les supporters de Lausanne qui ne te connaissent pas encore?
Je m’appelle Juan Esnaider, je suis né à Madrid, mais mon père vient d’Argentine. J’ai vécu dans beaucoup de pays, ma famille suivait le parcours professionnel de mon père, qui était footballeur professionnel. Nous avons notamment vécu en Espagne, en Italie ou encore en France. Nous sommes une famille de cinq frères, enfin quatre depuis le décès d’un de mes frères, il y a de cela quatre ans. Je suis marié, et j’ai maintenant un fils depuis six mois.
Comment es-tu arrivé à Lausanne ?
Fabio Celestini connaissait mon père et m’avait déjà vu jouer. Quand il est arrivé à Lausanne, il a voulu me faire venir mais il y avait un problème avec mon club. La saison passée, je suis parti à Toledo, où j’ai marqué 12 buts, et le transfert a pu se faire cet été.
Comment s’est déroulée ton intégration au sein de la première équipe ?
Très bien. Je parle espagnol, un peu l’italien, l’anglais, le français, donc j’arrive à m’exprimer avec tous mes partenaires et je m’entends très bien avec tout le monde. Les membres du staff parlent presque tous plusieurs langues donc ça se passe bien aussi à ce niveau-là.
A quel poste préfères-tu jouer ?
Je suis attaquant, mais n’étant pas un joueur très rapide, je pense que je suis meilleur en jouant attaquant de soutien. J’aime bien garder le ballon et jouer en appui pour mes partenaires, je pense que ce poste me convient bien. Bon pour l’instant, je n’ai pas encore eu vraiment l’occasion de jouer. Le coach me dit que je m’entraîne bien, mais que je dois attendre le bon moment. Pour l’instant, nous faisons de très bons résultats et je ne joue pas, donc je ne peux pas en vouloir au coach. Je dois juste continuer à travailler pour être prêt quand l’équipe aura besoin de moi. Nous avons des profils différents en attaque, et c’est ça qui est intéressant aussi.
Justement, après un début de saison où tu n’as pas joué, tu as eu tes premières minutes de jeu en coupe Suisse contre Köniz, où tu as marqué ton premier but, qui n’a malheureusement pas suffi pour se qualifier. Comment as-tu vécu ces débuts contrastés ?
Je ne suis pas content du match, nous devions le gagner… Individuellement, j’ai pu jouer un match après longtemps, donc c’est une satisfaction. J’ai aussi pu marquer, ce qui est toujours bien quand on est attaquant. Mais c’est difficile pour des footballeurs qui n’ont pas joué pendant une longue période d’élever leur niveau de jeu sur un match, et je pense que nous l’avons payé ce jour-là. Nous devons oublier ce match et continuer à nous entraîner afin d’être préparés pour les prochains matchs où nous pourrons aider l’équipe.
Ton père ayant été un joueur professionnel, on imagine que son influence est forte sur ton parcours ?
C’est évident que j’ai commencé à jouer au football parce que mon père y a joué. Trois de mes quatre frères y jouent, c’est une passion pour nous. Mon père était aussi attaquant, il peut m’apprendre beaucoup de choses. Il n’est pas tout le temps avec moi pour me soutenir, mais quand c’est le cas il m’aide beaucoup. Chaque année, je retourne chez mon père, nous regardons ensemble les matchs que j’ai joué et il me dit ce qui est bon dans mon jeu, ce qui l’est moins. Il est toujours disponible pour nous conseiller, moi et mes frères.
Tu étudies à l’université, comment arrives-tu à rendre ça compatible avec ton activité de footballeur à plein-temps ?
Oui, j’ai toujours été un bon élève à l’école, même si ce n’était pas facile avec les changements de pays. J’ai terminé ma scolarité et ai commencé l’université quand j’étais à Villareal en 2011. Mais en décembre de la même année, j’ai changé d’équipe et l’université ne m’a pas laissé changer de campus au milieu du semestre, ce qui m’a fait perdre une année.
J’ai alors compris que la meilleure option pour moi était d’étudier par correspondance. Entre ma situation professionnelle et ma vie de famille, je ne peux pas suivre le même nombre de cours qu’un étudiant normal, tandis qu’avec cette méthode je peux effectuer mes études de manière plus lente. Je suis donc depuis 4 ans des cours par correspondance à l’université de Madrid, avec des sessions d’examens qui ont lieu deux fois par année, à Berne. J’étudie chaque après-midi après nos sessions d’entraînement.
Et quelle branche étudies-tu ?
L’économie. Mon but serait de faire conseiller financier après ma carrière. Il est clair que mon rêve serait d’être footballeur professionnel le plus longtemps possible, mais on ne sait jamais de quoi est fait l’avenir. Et maintenant que j’ai un enfant, je me dois de travailler pour subvenir à ses besoins.
Comment t’es tu adapté à la vie en Suisse?
A Lausanne, il y a beaucoup d’espaces verts et une vue magnifique, donc j’aime beaucoup la ville. Je suis quelqu’un de très calme, la mentalité des Suisses me convient bien. Bon, mes voisins disent quand même que nous sommes un peu trop bruyants, parce que nous n’avons pas les mêmes habitudes, nous mangeons et nous couchons plus tard qu’eux et nous parlons peut-être un peu plus fort. A ce niveau-là, nos cultures sont un peu différentes, mais je me sens très bien ici.
Texte: Benoît Cornut
Photo: Robert Hradil